Université de Strasbourg

Conférence externe - Dr Daniel Priolo (MCF HDR Labo Epsylon)

Le 25 septembre 2024
À 10h00

Le LPC est ravi de recevoir Daniel Priolo (MCF HDR, Laboratoire Epsylon, Université Paul Valéry Montpellier 3) pour une conférence le 25 septembre 2024 à 10h en salle Moscovici.

 

Pourquoi acceptons-nous les inégalités sans nous révolter ?

En 2023, les inégalités sont de plus en marquées dans le monde. En effet entre 1995 et 2021, les 1% les plus riches ont accaparé 20 fois plus de richesses mondiales que les 50% les plus pauvres (Ahmed et al., 2022). En France, les 10% les plus riches possèdent 54% du patrimoine français tandis que les 50% les plus pauvres n’en possèdent que 7.5% (Bodier et al., 2021). Ces inégalités ne concernent pas que les revenus ; elles existent aussi dans les instances décisionnelles. On dénombre seulement 37.8% de femmes à l’assemblée nationale (Ministère Chargé de l’Egalité, 2023). La question qui se pose à nous est pourquoi acceptons-nous autant d’inégalités sans réagir, ou pour être plus radical, pourquoi les révolutions ne sont-elles pas plus nombreuses ? Dans le cadre de ce séminaire, nous essaierons de répondre à cette dernière question en évoquant les actions collectives. Après avoir distingué les différents types d’actions, nous essaierons de compléter le modèle SIMCA (Social Identity Model of Collective Action, Van et al., Zomeren, 2008) par des éléments idéologiques (Jost, 2020). Plus précisément, nous étudierons le libéralisme et le néolibéralisme par le biais des valeurs que ces idéologies sous-tendent (autonomie, unicité, libre-arbitre, hédonisme) et des processus psychologiques qu’elles engendrent (e.g., décisions compétitives, Codou et al., 2011). Nous nous attacherons à démontrer comment la valorisation de la liberté individuelle et de la responsabilité personnelle engendre une plus grande justification des inégalités (Ray et al., 2020) et affecte l’engagement dans des actions collectives (Girerd et al., 2020). Nous distinguerons les effets sur les actions collectives disruptives et non-disruptives (Ray, 2022). Enfin, nous apporterons une piste explicative mettant en jeu la dépolitisation des problèmes collectifs (Beauvois, 2005 ; Comby, 2014).